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Billy Tremblay

L’origine de la CMC raisonnée

Avant la CMC raisonnée, nous faisions l’amour par la méthode classique : la pénétration était au cœur de nos rapprochements. C’est moi l’homme qui la réclamait, et ma conjointe l’acceptait, parce que c’était considéré comme standard pour un couple de faire l’amour et de « pénétrer » souvent.


Jusqu’au jour d’une conversation, tout juste après avoir joui, j’ai exprimé quelque chose de loin caché en moi : « Ma chérie, je n’aime pas tant que ça te pénétrer! »





Il faut indiquer que nous sommes un vieux couple.


Ensemble au début de la vingtaine on a découvert le plaisir : souvent, tout le temps, n’importe quand! Il suffisait de se regarder pour spontanément se jeter littéralement l’un sur l’autre. On se découvrait, on se chatouillait, on adorait, on ne regardait pas l’heure à laquelle il fallait se coucher, se lever. On avait les hormones dans le tapis! Et madame qui est clitoridienne m’a très bien enseigné tout l’art de la jouissance féminine. J’ai agi en très bon élève dès le début de notre relation. Aucune plainte à formuler sur ce sujet.


Ensuite, il y a eu l’étape de la procréation ou il fallait faire l’amour selon le fameux cycle, fatigué ou pas, intéressé ou pas. Son plaisir n’était pas toujours considéré, une façon pour elle de régler la chose rapidement.


Et comme toute famille, c’est l’étape où les jeunes enfants prennent toute la place et qu’on le fait lorsqu’ils sont couchés. Moins souvent, machinalement, rapidement, sans bruit.


Ensuite l’étape où les ados se couchent plus tard que les parents. L’intimité n’est plus possible. Alors, faire l’amour se planifie : faire garder les enfants, se payer un week-end à l’hôtel pour avoir du temps pour le couple, pour baiser. Adieux la spontanéité. Et au retour à la maison, on nous demande avec quelques clins d’œil comment c’était!


Beaucoup d’amis se sont séparés durant l’étape des enfants. Notre couple a survécu. On s’aime. Différemment d’au tout début, mais on s’aime suffisamment pour faire un vieux couple. On se voit encore ensemble dans 30 ans. Comme les oiseaux, pour la vie!


C’est très rapidement résumé vingt ans d’amour.


Maintenant à l’approche de la cinquantaine, faire l’amour est devenu quelque chose de compliqué. Nous sommes encore jeunes certes! Mais, ce sont les premiers signes de la ménopause pour elle, et de l’andropause pour moi. Les hormones se sont calmées, la libido baisse, la sécheresse s’installe, le sang circule moins bien, c’est moins ferme.


Et nos vies professionnelles, les problèmes avec nos adolescents, nos parents qui perdent leur autonomie polluent nos pensées.


Et on se questionne : est-ce qu’un couple peut faire sans et rester un couple?


D’après les magazines la réponse est non! Un couple qui ne baise plus est un couple fini. On nous bombarde de conseils pour préserver la flamme allumée dans le couple, pour faire l’amour trois fois par semaine. On y croit au Kâmasûtra, au BDSM vanille et aux petits trucs pimentés pour briser la monotonie et rallumer la flamme.


Mais ça ne dure pas! On revient vite à nos habitudes : « Pénètre, fait ça vite! »


Je ne sais pas pour vous les gars, mais à l’andropause, j’ai surtout envie de frencher. Juste frencher. La nuit, je frenche dans mes rêves pour me réveiller avec mon oreiller tout baveux.


Ce soir-là j’ai vraiment dit : « Ma chérie, je n’aime pas tant que ça te pénétrer! En tout cas plus autant qu’avant ».


Sa réponse : « Enfin! »


C’est réglé!


Mais non pas vraiment! Car il a fallu préciser. Je n’aime pas tant que ça te pénétrer, pas parce que ce n’est pas bon. Pénétrer aura été le top du top, le Saint-Graal, pour moi du moins.


Mais, c’est bien parce que je ne bande plus aussi facilement, parce qu’on met plein d’effort pour que ça entre en restant dur, parce que ça t’a fait mal et que je suis désolé, parce que c’est trop sec malgré l’ajout de lubrifiant qui finit lui aussi par sécher, parce qu’il faut que ça fasse pour en finir et parce que c’est clair que ça ne nous plaît plus autant réciproquement. Et aussi parce que les plus beaux orgasmes, les miens, les tiens, sont chose du passé, ceux où le temps n’existait pas. Ah, si on pouvait ravoir vingt ans!


Et aussi, et aussi surtout parce la finalité de la pénétration est navrante! L’orgasme masculin c’est l’effondrement hormonal qui mène l’homme à s’endormir, à se désintéresser de sa partenaire, à la déprime post-coït. C’est pire avec l’âge. J’aimerais reculer dans le temps d’une minute ou deux, maintenir cet état d’excitation si enivrant, et éviter la tristesse de la finalité de l’orgasme masculin.


Et qu’est-ce qu’elle voulait dire par « enfin? » La réponse a été facile : « Ton pénis, toujours ton pénis, c’est une obsession ton affaire! »


Bon, j’ai mis mon orgueil de mâle de côté. Elle a raison!


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